Congrès ASH 2011

La LMC du point de vue des patients

ASH - Société Américaine d’Hématologie

ASH 2011 LMC leucemie guerison cancer traitement espoir lmc leucémie myéloïde chronique leucemie aigue sang moelle greffe
ASH 2011

Comme chaque année en décembre, environ 21000 hématologues et professionnels de la santé (ainsi qu’un petit groupe de défenseurs des patients) se sont réunis lors de l’Assemblée annuelle de la Société Américaine d’Hématologie (ASH) pour entendre les dernières nouvelles de la recherche dans le domaine de la leucémie, des lymphomes et autres troubles du sang.

 

Nous avons assisté aux sessions scientifiques sur la LMC  du Congrès 2011 de l’ASH et nous allons à présent faire la synthèse des présentations et des affiches les plus significatives, en les complétant de la perspective pour les patients. Le présent rapport couvre les présentations clés sur le Nilotinib, le Dasatinib, le Bosutinib, le Ponatinib, le DCC-2036, la combinaison Imatinib-Interféron, les études STOP, ainsi que certaines études sur la LMC, le diabète ou la fatigue.

 

Perspectives pour les patients au Congrès ASH 2011

“Peut-on tendre vers une guérison ?” Telle était probablement la plus grande question latente derrière de nombreuses présentations au Congrès  ASH de cette année. La question a d’abord été posée par le Docteur Junia V Melo (Australie) lors de la session de formation sur la LMC, mais également dans de nombreuses autres présentations et affiches évoquant la guérison “opérationnelle” par rapport à la guérison “réelle”, l’optimisation du traitement pour accroître les taux de réponse moléculaire complète, les études sur l’interruption du traitement, les nouveaux mécanismes permettant de cibler les cellules souches et l’amélioration du diagnostic pour détecter la maladie résiduelle minimale à un niveau moléculaire très bas.

 

A part l’amélioration continuelle des performances dans le temps, par rapport aux traitements homologués de la LMC, des nouvelles passionantes ont été présentées sur le Ponatinib (AP24534) et des données très précoces sur le DCC-2036. Les deux médicaments ont la capacité de cibler le T315I, qui est peut-être le “dernier bastion” de la LMC à phase chronique. Avec l’Imatinib, le Dasatinib et le Nilotinib comme traitements approuvés, le Bosutinib attend l’autorisation de mise sur le marché, Le Ponatinib fait preuve de données très convaincantes, bien au-delà du T315I, nous nous acheminons vers une situation qu’on ne rêvait même pas il y a tout juste 10 ans : des patients souffrant de LMC qui ont une espérance de vie similaire à une population non atteinte de LMC et avec une série de médicaments extrêmement efficaces pour combattre toute sorte de mutation – si la LMC est diagnostiquée précocément. Des données sur d’importants résultats de recherche sur la qualité de la vie, des données sur les co-morbidités comme le diabète et l’enjeu particulier que constituent les patients âgés également, ce qui est important pour les patients confrontés au traitement à vie d’une maladie chronique.

 

Malheureusement, on progresse peu sur le front de la phase avancée et de la phase blastique de la LMC. En gros, on peut considérer que 90% de toutes les présentations ne concernaient que la phase chronique de la LMC, alors que les informations sur le mode de traitement de la phase très avancée de la LMC au-delà de transplantations à haut risque sont rares. La transplantation de cellules souches reste alors la seule option viable, mais le pronostic demeure sombre. Le Docteur Junia V. Melo a soulevé la question de savoir comment se sentaient vraiment les patients guéris après une transpantation des cellules souches, en cas de survie et d’absence complète de LMC.

ASH 2011 LMC leucemie guerison cancer traitement espoir lmc leucémie myéloïde chronique leucemie aigue sang moelle greffe

Avec la perspective de trouver de l’Imatinib générique en 2015 et en 2016 sur de nombreux marchés, certaines présentations cette année semblaient déjà tenir compte de l’émergence   d’une nouvelle dynamique de marché. Dans bien des échanges avec des experts, on sentait que l’Imatinib pourrait revenir sur le terrain pour la deuxième fois, ou pourrait conserver sa place de traitement de première ligne dans bien des pays moins aisés pendant un certain temps. Les résultats actuels permettant d’évaluer la réponse précoce à l’Imatinib et le passage précoce à des médicaments de seconde génération plus puissants au cas où on ne surpasserait pas 10% de BCR-ABL/ABL pourraient devenir encore plus pertinents.


Nous les associations de patients, étions particulièrement satisfaits que la présentation du Docteur Andreas Hochhaus insiste sur le rôle spécial des associations de patients souffrant de LMC. Le Docteur Andreas Hochhaus a déclaré : « La communauté LMC est un extraordinaire exemple d’accompagnement global des patients, ce qui n’est pas fréquent pour de nombreux autres cancers, les associations de patients sont devenues les partenaires crédibles des médecins et de l’industrie, ainsi qu’une voix politique indépendante permettant d’accéder au diagnostic, au traitement, au remboursement et aux informations destinées aux patients et sont porteurs de projets de recherche ».


Nous allons continuer à soutenir les patients souffrant de LMC dans le monde entier – jusqu’à ce qu’on puisse sauver tous les patients. Nous voulons exprimer notre gratitude à tous les médecins et aux chercheurs de ce secteur pour leurs indéfectibles efforts pour parvenir à la guérison définitive de la LMC et à la Fondation Internationale contre la LMC (International CML Foundation - iCMLf) pour avoir organisé un important congrès de la Société Américaine d’Hématologie (ASH) destiné aux médecins des pays émergents.

Voici à présent la synthèse détaillée d’une sélection des présentations les plus pertinentes du Congrès 2011 de la Société Américaine d’Hématologie (ASH 2011).

 

Mises à jour relatives au Nilotinib

ASH 2011 LMC nilotinib leucemie guerison cancer traitement espoir lmc leucémie myéloïde chronique leucemie aigue sang moelle greffe

Le Docteur Giuseppe Saglio a présenté les données relatives aux 3 années de suivi de l’étude ENESTnd (Evaluation de l’efficacité et de la sécurité du Nilotinib dans les essais cliniques pour les patients chez qui on vient de diagnostiquer une LMC) qui a comparé le Nilotinib à l’Imatinib en traitement de première ligne. 846 patients ont été recrutés dans 217 centres dans 35 pays. 95% de l’ensemble des patients testés sont toujours sous surveillance à l’heure actuelle. Par rapport aux données de 24 mois présentées au Congrès de l’ASH, il n’y a pas eu de surprises – ce qui est une bonne nouvelle pour les patients : pas d’augmentation des évènements hépatiques, aucun patient n’a interrompu le traitement en raison de son taux de glycémie dans le sang, aucun problème cardiaque n’a été observé. 73% des patients sous 2x300mg de Nilotinib, par rapport à seulement 53% des patients sous Imatinib, ont atteint une réponse moléculaire majeure (RMM). On a observé une différence de  24% entre les deux groupes en termes de réduction 4log (MR4, BCR-ABL/ABL <0,01%). Seulement 3,2% des patients sous 2x300mg de Nilotinib sont passés à des phases avancées par rapport à 6,7% sous Imatinib. Toutefois, la survie globale après 3 ans est similaire (95% par rapport à 94%), alors que pour ceux qui sont passés à des phases avancées sous d’autres traitements, la survie médiane était de 10,5 mois seulement. En bref, le suivi de 3 ans montre que le Nilotinib est supérieur à l’Imatinib dans le traitement des patients chez qui on vient de diagnostiquer une LMC, avec des taux de réponse plus rapides et plus élevés dans tous les groupes à risque et un risque significativement plus faible de progression et par voie de conséquence, un risque plus faible de décès.


Afin d’évaluer si une augmentation des doses pour passer à 2x400 mg de Nilotinib ou un passage de l’Imatinib à 2x400mg de Nilotinib, est une option pour ceux qui ont répondu de façon sous-optimale à l’ENESTnd ou pour qui le traitement est un échec, le Docteur Andreas Hochhaus a présenté le prolongement de l’étude ENESTnd. Au cours de cette étude, les patients recrutés dans l’étude ENESTnd pouvaient recevoir 2x400mg de Nilotinib tout en continuant à être surveillés dans le cadre de l’essai. L’efficacité comme la sécurité de 2x400mg du Nilotinib ont été en cohérence avec les précédentes études sur le Nilotinib en traitement de seconde ligne, avec un minimum d’évènements supplémentaires indésirables à plus forte dose. Le passage à 2x400mg a été bénéfique pour la majorité des patients : 58% des patients ont obtenu une réponse cytogénétique complète, 34% une réponse moléculaire majeure. En bref, l’optimisation des doses est sûre et améliore les réponses.


Pour évaluer le bénéfice du passage à 2x400mg de Nilotinib pour ceux qui atteignent une réponse moléculaire majeure mais pas de PCR négative  lors d’un traitement à long terme sous Imatinib, le Docteur Tim Hughes a présenté l’étude ENESTcmr (Essai de phase 3 randomisé comparant l'efficacité du Nilotinib à celle de l'Imatinib chez des patients ayant une leucémie myéloïde chronique ). En bref, les patients qui sont passés de l’Imatinib au Nilotinib malgré une bonne réponse moléculaire à l’Imatinib parviennent encore à une réponse moléculaire plus rapide et plus forte, ce qui peut accroître leur éligibilité pour de futures études d’interruption des ITK.

Nilotinib et sécurité

Evènements cardiaques et diabète

Les premières inquiétudes relatives au profil de sécurité du nilotinib n’ont pas persisté. Une étude secondaire à l’essai ENESTnd a rejeté l’effet cumulatif potentiel de l’exposition au nilotinib sur la sécurité cardiaque dès 2010, considérant qu’il n’était pas très différent de celui de l’Imatinib.


Cette année, il y a eu une affiche supplémentaire étudiant le nilotinib chez le patient diabétique. Le motif est que le Nilotinib augmente le taux de glycémie du sang chez les patients diabétiques ou non diabétiques, il y avait donc une préoccupation de savoir si un fort taux de glycémie pouvait représenter un problème particulier pour les patients diabétiques susceptible de compromettre soit le traitement de la LMC soit la gestion du diabète. A la suite d’une analyse des données de l’ENESTnd présentée par le MD Anderson Cancer Centre, le Nilotinib reste une médication sûre et active pour les patients atteints de LMC et souffrant de diabète. Aucun des patients diabétiques souffrant de LMC n’a dû réduire les doses de Nilotinib et un seulement a dû passer d’un traitement du diabète par voie orale à l’insuline. Une étroite surveillance du diabète et sa gestion pertinente permettent aux patients diabétiques atteints de LMC de suivre un traitement au Nilotinib en toute sécurité (ASH-Affiche 2764).

 

Mise à jour sur le Dasatinib

Malheureusement aucune mise à jour de 30 mois de l’étude DASISION comparant le Dasatinib et l’Imatinib en première ligne n’a été présentée au congrès 2011 de l’ASH (tandis qu’au congrès 2011 de l’EHA (Association Européenne d’Hématologie), les données de 24 mois concerannt le Nilotinib et le Dasatinib ont été présentées permettant ainsi d’établir une comparaison entre les deux nouveaux médicaments de seconde génération.


Lors du congrès 2011 de l’ASH, seuls quelques résultats de l’essai DASISION de 24 mois ont été présentés sur une affiche. D’après cette affiche, le Dasatinib a continué à montrer des réponses moléculaires plus rapides et plus profondes, avec une plus forte proportion de patients parvenant à un niveau de BCR-ABL inférieur à 10% sous Dasatinib (84% par rapport à 64%). Ceci a été associé à une plus grande perspective de parvenir à une RMM et à une RCC en 12 et 24 mois, des taux de progression plus faibles et une survie globale plus élevée des patients ayant reçu du Dasatinib. Une affiche supplémentaire sur l’impact de la réduction et de l’interruption des doses sur les taux de réponse a conclu que les taux de RMM et de RCC sous Dasatinib restaient plus élevés que sous Imatinib, indépendamment des réductions et des interruptions de dose, mais les taux restaient les plus élevés lorsqu’une dose quotidienne de plus de 80mg pouvait être maintenue (ASH-Affiche 2768).

 

Mise à jour sur le traitement associant Imatinib et Interféron

ASH 2011 LMC imatinib interferon  leucemie guerison cancer traitement espoir lmc leucémie myéloïde chronique leucemie aigue sang moelle greffe

Le Docteur Hyacinthe Johnson-Ansah (France) a présenté l’essai français SPIRIT. Dans l’étude française, on a comparé l’Imatinib à 400mg/jour, l’Imatinib à 600mg/jour, l’Imatinib+AraC et l’Imatinib+PegIFN (dose de 90µg) dans une étude randomisée. A l’issue d’une première analyse intérmédiaire au bout de 12 mois, on a démontré que la dose de 90µg était de toute évidence trop forte, 54% des patients souffrant d’une numération formule sanguine trop faible. Au cours de la seconde phase, la dose de Peg-IFN a été abaissée à 45µg. A la suite de quoi, la tolérabilité s’en est trouvée grandement améliorée, tandis qu’on augmentait la durée du traitement sous Interféron, en augmentant les taux de réponse. En bref, les taux de RMM à 12 mois étaient de 60% avec la combinaison Imatinib-PegIFN45µg et de 38% seulement sous Imatinib seul. Une réduction de 4log (MR4) a été réalisée pourr 28% des patients sur le bras association et pour 10% seulement sur le bras Imatinib seul. L’étude suggère clairement que la combinaison Imatinib-PegIFN est supérieure à l’Imatinib seul.

Mise à jour sur les études "STOP"

Le Professeur François-Xavier Mahon (France) a présenté une mise à jour sur l’étude “STIM” de l’interruption de l’Imatinib. Les 100 patients recrutés pour l’étude devaient avoir une PCR négative depuis au moins 24 mois avant l’arrêt du traitement. 61% des patients ont perdu leur réponse moléculaire, avec 58 rechutes au cours des 7 premiers mois et 3 rechutes tardives aux mois 19, 20 et 22. 10 des 61 patients n’ont pas retrouvé une PCR négative et 5 sont restés à un niveau médian de BCR-ABL de 0,19% parce qu’ils n’ont pas immédiatement recommencé le traitement après la rechute. Les facteurs de pronostic permettant de prédire la récurrence étaient le score de Sokal et la durée du traitement. Le docteur Mahon a clairement établi qu’il recommanderait l’interruption uniquement dans le cadre d’un essai clinique étroitement surveillé au niveau moléculaire. En tenant compte du nombre de mois sans traitement dans cette étude, le Docteur Mahon a ajouté que les économies réalisées pendant l’essai STIM pour le système de sécurité sociale français étaient estimées à 4 millions d’euros.

 

ASH 2011 LMC leucemie guerison cancer traitement espoir lmc leucémie myéloïde chronique leucemie aigue sang moelle greffe

Le Docteur Delphine Rea (France) a présenté une étude sur l’interruption du Dasatinib ou du Nilotinib. La logique de cette étude était d’observer si les médicaments de seconde génération, avec leurs taux de réponse moléculaire accru par rapport à l’Imatinib, laisseraient davantage de possibilités d’interrompre le traitement. Comme pour l’étude STIM, les patients devaient avoir une PCR négative depuis au moins 24 mois. Le point final de l’étude était cependant la conservation de la RMM (BCR-ABL/ABL <0,1%), si bien que les patients risquaient de perdre la PCR négative mais ne manquaient pas l’objectif de l’étude et reprenaient le traitement par ITK tant que leur BCR-ABL était au-dessus de 0,1% (par rapport à l’échelle internationale). La numération formule sanguine était évaluée chaque mois de même que la PCR après l’arrêt du traitement.  Sur les 33 patients ayant participé à l’étude, 8 (27%) ont perdu leur RMM dans les 6 mois, avec des rechutes rapides (2 mois médians après l’interruption du traitement). 25 patients (73%) sont toujours sans traitement après un suivi médian de 11 mois. Aucun facteur de prédiction  permettant d’identifier les patients conservant une RMM stable sans traitement n’a pu être identifié pendant cette courte période.

 

D’autres études STOP ont été présentées :


   * L’étude coréenne DISCONTI a repris le concept de l’étude française STIM, en évaluant 20 patients présentant au moins MR4,5 (BCR-ABL/ABL <0,0032%) pendant plus de 24 mois avant l’arrêt de l’Imatinib – cependant, la durée médiane de la RMC avant l’interruption a été beaucoup plus longue (Etude coréenne DISCONTI : 60 mois, étude française STIM : 35 mois) et la période de suivi de ce rapport a été beaucoup plus courte (10 mois médians). Sur les 20 patients recrutés, seulement 3 ont rechuté. Cependant, il convient de remarquer que la période d’observations a été très courte. (ASH-Résumé 3765)


   * Un groupe d’étude japonais a également repris l’étude STIM. Sur les 30 patients en réponse moléculaire complète sous Imatinib pour 55 mois médians, 14 ont rechuté dans les 6 mois et ont repris le traitement. Tous ces patients ont répondu au traitement à nouveaut (Imatinib ou Dasatinib). La durée d’observation médiane au moment du rapport relatif à l’affiche n’était que de 8 mois (ASH-Résumé 3759).

 

Importance du pronostic d’une réponse précoce à un traitement par ITK

On a observé la sécurité à long terme de l’Imatinib pendant toute une décennie, tandis que les médicaments de 2de génération comme le Dasatinib et le Nilotinib étaient de toute évidence supérieurs en termes de taux de réponse plus élevés et de taux de progression plus faibles. La question de savoir si les médicaments de 2de génération doivent être appliqués en traitement de première ligne ou si le passage précoce de l’Imatinib à d’autres traitements en cas de réponse lente est conseillé, reste toujours sans réponse.


Deux études présentées au congrès 2011 de l’ASH ont évalué si le niveau de réponse à 3 mois après le début de l’Imatinib/Dasatinib était un prédicteur fiable pour la survie à long terme et si les patients devaient déjà changer de traitement lorsqu’ils n’atteignaient pas l’étape des 10% au bout de 3 mois de traitement.

ASH 2011 LMC leucemie guerison cancer traitement espoir lmc leucémie myéloïde chronique leucemie aigue sang moelle greffe

D’après les résultats de l’étude allemande CML-IV présentés par Benjamin Hanfstein, la réalisation de 10% de BCR-ABL/ABL au bout de  3 mois de traitement sous imatinib est de toute évidence predictive d’une survie à long terme. Le fait d’avoir un taux de BCR-ABL supérieur à 10% au bout de 3 mois est associé à une survie globale de 5 ans à 87%, tandis qu’un taux de BCR-ABL inférieur à 1% montre une survie globale de 97%. Il n’a été observé aucune différence significative entre les groupes <1% et de 1 à 10% de BCR-ABL. En conclusion, le fait de manquer le stade des 10% de BCR-ABL à 3 mois indique un résultat à long terme inférieur et suggère une modification précoce des traitements pour ceux qui répondent lentement (ASH-Résumé 783).


Le Docteur Steve O’Brien (Royaume Uni) a présenté les données du bras Dasatinib de l’étude SPIRIT2. L’étude a observé qu’une PCR à 3 mois peut identifier les patients qui vont, le plus vraisemblablement, obtenir une réponse cytogénétique complète, une réponse moléculaire majeure ou une réponse moléculaire complète. 10% de BCR-ABL/ABL est considéré comme un seuil utile à 3 mois pour le Dasatinib également (ASH-Résumé 785).


Des résultats similaires ont également été démontrés par l’étude australienne TIDEL-II, qui a envisagé l’Imatinib en première ligne suivi par un passage à une forte dose d’Imatinib ou de Nilotinib au cas où les étapes du traitement ne seraient pas atteintes, c’est-à-dire 10% de BCR-ABL à 3 mois. Les taux de progression de ce régime étaient proches des taux de transformation des études ENESTnd et DASISION de première ligne et la réponse moléculaire du 3ème mois était également un pronostic évident d’un résultat à long terme.


Environ 25% des patients qui ont été traités en première ligne par de l’Imatinib et 8,5% des patients traités en première ligne par du Dasatinib n’ont pas atteint la cible de 10% de BCR-ABL/ABL à 3 mois. A la suite des résultats ci-dessus, les experts suggèrent que l’évaluation des taux de réponse à 3 mois après le début du traitement et le changement de traitement lors de l’échec à obtenir 10% de BCR-ABL/ABL peut être important. Ce peut être rassurant pour des patients qui se trouvent dans la zone de 1 à 10% dans les 3 mois de savoir qu’il ne semble pas y avoir un meileur pronostic de survie avec une réponse plus rapide.

 

Nouvelles du Bosutinib

ASH 2011 LMC bosutinib leucemie guerison cancer traitement espoir lmc leucémie myéloïde chronique leucemie aigue sang moelle greffe

Le Docteur Jorge Cortes a présenté les données de suivi sur 24 mois de l’essai BELA avec du Bosutinib. Le Bosutinib est un ITK de seconde génération hautement sélectif sur la BCR, étant actif contre les mutations résistantes au dasatinib (F317L) et contre les mutations résistantes au nilotinib (Y253H, E255K/V, F359C/V), mais pas contre les mutations T315I et V299L. 24 mois plus tard, 63% de tous les patients sous Bosutinib sont toujours sous traitement. 37% ont dû interrompre le traitement, 24% en raison d’un évènement indésirable. Parmi les principaux évènements indésirables on peut citer la diarrhée (70% des patients), des vomissements (32%), des nausées 32%, des éruptions cutanées 24%, de la pyrexie 18%, des douleurs abdominales (14%), une augmentation du taux d’ALT (23%). Les évènements gastro-intestinaux et les toxicités hépatiques étaient gérables et ont disparu peu après le début du traitement. Alors que les taux de réalisation de réponses cytogénétiques complètes ne présentent pas de différence entre le Bosutinib et l’Imatinib, les taux de RMM étaient supérieurs de façon significative (67% par rapport à 52%), on a observé moins de transformations vers des phases avancées, moins d’échecs du traitement et moins de décès associés à la LMC. L’échec du traitement était significativement plus faible sous Bosutinib (4% par rapport à  13% sous Imatinib).


En bref, le Bosutinib peut offrir une nouvelle option thérapeutique aux patients chez qui la LMC vient d’être diagnostiquée. Il a fait l’objet d’une demande de mise sur le marché en Europe (traitement de 1ère ligne) et aux Etats-Unis (2de ligne). Quant à savoir s’il obtiendra les autorisations réglementaires, cela reste à démontrer. Les avis des médecins auxquels nous en avons parlé sont très variables, étant donné que le médicament n’a pas montré de supériorité par rapport à l’imatinib lors de la réponse cytogénétique complète (RCC) de son critère principal. Toutefois les données de la RMM sont convaincantes. De la perspective des patients, cela semble être une option non seulement en cas de résistance, mais peut être aussi en termes d’intolérance aux médicaments existants et de toxicité potentielle de faible niveau dans le cadre des traitements à long terme par ITK.

 

Le Ponatinib

ASH 2011 LMC ponatinib leucemie guerison cancer traitement espoir lmc leucémie myéloïde chronique leucemie aigue sang moelle greffe

Le Ponatinib (AP24534) est un ITK pan-BCR ABL par voie orale doté d’une activité puissante contre la BCR-ABL native et mutée et les autres kinases. Sa molécule a été conçue de façon rationnelle pour découvrir les modifications moléculaires apportées à la BCR-ABL par la mutation T315I.


L’essai de phase II PACE (PACE = Evaluation du Ponatinib Ph+ ALL et LMC) vise à étudier l’efficacité du ponatinib chez les patients souffrant de LMC ou de Ph+ALL résistants ou intolérants au dasatinib ou au nilotinib, avec ou sans la mutation T315I. L’essai est complet avec 449 patients. A la Société Américaine d’Hématologie, les données relatives à l’efficacité ont été constatées sur 392 patients dans six cohortes à 45 mg/jour. Les patients ont été affectés à une cohorte en fonction de la phase de leur maladie (phase chronique, phase accélérée ou phase blastique LMC/Ph+ALL) et de l’état de la mutation T315I (avec ou sans la mutation). 94% des patients de l’essai avaient reçu au moins deux inhibiteurs de tyrosine kinase avant leur recrutement, 59% en avaient reçu trois ou plus. Parmi tous les patients en phase chronique qu’il était possible d’évaluer au cours de l’essai, 39% sont parvenus à une réponse cytogénétique complète. Sur les 57 patients souffrant de LMC en phase chronique avec T315I, 58% sont parvenus à une réponse cytogénétique complète (RCC) et 33% une réponse moléculaire majeure RMM. Le Ponatinib semble bien toléré. Parmi les évènements indésirables les plus fréquents considérés associés au ponatinib, on peut citer des éruptions cutanées (chez 38% des patients), la thrombocytopénie (37%), une peau sèche (29%), des douleurs abdominales (22%), des céphalées (20%), de la fatigue (17%), des myalgies (15%), de l’arthralgie (16%), une lipase élevée (16%), de la constipation (15%) et des nausées (10%). Ces effets étaient essentiellement de niveau 1 ou 2 et étaient bien tolérés par les patients dans le cadre de l’essai. L’incidence de la pancréatite a été de 6%, mais aucun patient n’a arrêté en raison de cet effet indésirable. Quatre patients sont décédés pendant l’étude, ils présentaient un état médical complexe, notamment une pneumonie, une pneumonie fongique, une hémorragie gastrique et un arrêt cardiaque. On n’a constaté l’émergence d’aucune preuve de résultats spécifiques au ponatinib.

 

En conclusion, le Ponatinib  a une activité anti-leucémique substantielle dans cette population qui a fait l’objet d’un traitement préalable lourd, avec un profil d’effet indésirable favorable. Des réponses ont été observées dans toutes les cohortes et se sont améliorées au fil du temps. Le Ponatinib a le potentiel de devenir l’option prometteuse d’un nouveau traitement pour les patients souffrant d’une LMC multi-réfractaire / à rechutes, pas seulement les patients avec mutation T315I.

 

Le DCC-2036

ASH 2011 LMC DCC-2036 dcc 2036 leucemie guerison cancer traitement espoir lmc leucémie myéloïde chronique leucemie aigue sang moelle greffe

Le Docteur Jorge Cortes a présenté les données de l’étude relative au DCC-2036, un nouvel inhibiteur de kinases à contrôle de passage qui inhibe  les mutants de BCR-ABL, notamment la mutation T315I, inhibe le KFS et le FLT3, mais épargne le c-KIT. Les données présentées  sont celles d’une étude de phase 1 (doses croissantes) chez des patients avec mutation T315I ou échec/intolérance à au moins 2 ITK. 30 patients ont été recrutés dans l’étude, 3 continuent à recevoir du DCC-2036 aujourd’hui. 27 sur 30 ont arrêté en raison de la progression (9 patients), du manque de réponse (8), d’évènements indésirables (6), du décès (1), de la perte du suivi (1), du retrait du consentement (2). En conclusion, le médicament est bien toléré à 2x 150mg/jour. 15 patients supplémentaires vont être recrutés.

 

Fatigue au cours d’un traitement par ITK

Une affiche évoquait le problème de la fatique que de nombreux patients connaissent lors d’un traitement aux Inhibiteurs de Tyrosine Kinase, ce qui compromet la qualité de la vie et implique des réductions ou des interruptions du traitement. Une étude des patients faite au MD Anderson Cancer Center a conclu qu’alors que la fatigue est un symptôme fréquent dans le traitement de la LMC par les ITK, ni l’état de la maladie, ni le médicament ne correspondaient au degré de fatigue. Toutefois, la fatique a été étroitement associée à la gravité d’autres symptômes. Le statut marital et professionnel ont été les seules variables socio-démographiques en corrélation avec les niveaux de fatique. D’autres enquêtes d’interventions potentielles de la fatigue sont nécessaires (ASH-Affiche 3785).

 

Traduction effectuée par LMC France

  Source : CML Advocates network

Giora Sharf (photos), Jan Geissler (report)

San Diego, 13 Dec 2011