Paroles d'expert autour de la LMC

Le Professeur Mauricette Michallet

La gestion des effets secondaires

Professeur Mauricette Michallet LMC France
Professeur Mauricette Michallet

 

Professeur des Universités, praticien hospitalier, le Professeur Mauricette Michallet est consultante dans le service d’hématologie clinique du Centre hospitalier universitaire de Lyon-Sud. Ancien chef de service, elle possède une expertise de plus de trente ans en hématologie. Elle est impliquée dans la LMC à travers la prise en charge des patients et divers aspects de la recherche.

Quelles recommandations suivent les spécialistes pour gérer les effets secondaires dans le traitement de la LMC ?

La plupart des rapports concernant le traitement de la leucémie myéloïde chronique (LMC) par des inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) se concentrent sur l’efficacité du traitement et en particulier sur

la réponse moléculaire et l’état du patient à la fin du traitement. En revanche, des événements indésirables (EI) secondaires aux ITK sont souvent signalés comme rares, mineurs, supportables et gérables, alors qu’ils sont de plus en plus importants.

 

Leur grande fréquence est liée à la disponibilité actuelle de plusieurs ITK, au fait que ces inhibiteurs

peuvent être associés à d’autres molécules (interféron) et enfin que le traitement est donné potentiellement à vie. C’est pour cette raison que le groupe européen LeukemiaNet, dédié aux recommandations de la gestion de la LMC, a effectué un résumé exhaustif et critique des

EI émergents au cours du traitement de la LMC afin d’améliorer leur compréhension, leur gestion et leur prévention.

 

Certains EI sont communs à tous les ITK et d’autres sont spécifiques à chaque molécule et nécessite ainsi une surveillance et une prise en charge orientée par la connaissance des EI.

 

Il existe cinq grandes conclusions :

 

1) Le but principal du traitement de la LMC est l’effet antileucémique et d’atteindre si possible l’éradication de la maladie. Ainsi, la gestion non optimale des EI ne doit en aucune façon compromettre cet objectif.

 

2) La plupart des patients auront des EI, généralement au début du traitement, plutôt légers à modérés et qui devraient disparaître soit spontanément soit après contrôle grâce à des moyens simples.

 

3) La réduction ou l’interruption du traitement secondaire à une intolérance ne doit se faire que si une gestion optimale des EI ne peut pas être obtenue, ce qui justifie une surveillance fréquente, appliquée et adaptée, permettant de détecter le plus rapidement possible la résolution ou non des EI.

 

4) Une attention toute particulière, avant de débuter un traitement et au cours d’un traitement par ITK, doit être accordée à l’existence de comorbidités et aux interactions médicamenteuses possibles. Il faut également savoir, pour gérer au mieux, voire éviter que de nouveaux événements sans rapport avec l’ITK peuvent survenir lors d’un tel traitement prolongé.

 

5) Certains EI liés au traitement par ITK sont apparus alors qu’ils n’étaient pas prévus ou détectés par des études antérieures notamment précliniques et doivent faire l’objet d’une grande attention pour éviter leur prise en charge non optimale.

 

Dans l’ensemble, l’imatinib (ITK de première génération) a démontré un profil de sécurité à long terme, bien que des résultats récents suggèrent que les médecins sous-estiment parfois la gravité des symptômes. Les ITK de deuxième et troisième générations permettent des taux de réponse plus rapides et plus élevés mais peuvent être associés à des EI plus graves, parfois non prévisibles, et dont certains pourraient être irréversibles.

 

Nous espérons que ces recommandations aideront à réduire au minimum les EI et que leur gestion optimale sera récompensée par une meilleure observance des ITK, impliquant de meilleurs résultats pour la LMC et une meilleure qualité de vie pour les patients.

 

Extrait du 2e Livre blanc des États généraux de la LMC