Paroles d'expert autour de la LMC

Le Docteur Marie-Joëlle Mozziconacci

Interprétation du caryotype, biologie moléculaire

Praticien hospitalier, biologiste depuis plus de 20 ans dans le département de Biopathologie de l’Institut Paoli-Calmettes à Marseille, le Dr Marie-Joëlle Mozziconacci est responsable du laboratoire de Cytogénétique et de Biologie Moléculaire qui réalise les caryotypes et RQ-PCR de nombreux patients de la région PACA. Elle participe à des groupes collaboratifs nationaux et internationaux et est membre du conseil scientifique de LMC France.

Comment interprète-t-on aujourd’hui le caryotype en biologie moléculaire de la LMC ?

Depuis l’avènement des inhibiteurs de tyrosine kinase, on voit le caryotype se normaliser rapidement au cours du traitement et il a fallu mettre en œuvre des techniques plus sensibles pour pouvoir évaluer la maladie résiduelle. Le suivi biologique par PCR quantitative des patients atteints de LMC a ainsi fait l’objet de travaux collaboratifs nationaux et d’une standardisation au niveau international afin d’optimiser les techniques et d’uniformiser le rendu des résultats. Des contrôles de qualité nationaux annuels ou semestriels évaluant le rendu de chaque laboratoire ont été mis en place.

 

La LMC est une pathologie pionnière en la matière. Les laboratoires sont également soumis à une accréditation obligatoire par le Comité français d’accréditation (CoFRAC) qui effectue des contrôles réguliers. Des groupes d’experts comme l’European Leukemia Net (ELN) publient régulièrement des recommandations pour la prise en charge de la LMC en fonction des niveaux de réponse cytogénétique et moléculaire au traitement.

 

La dernière actualisation proposée par l’ELN date de 2013 et présente l’avantage de prendre en compte tous les ITK alors que la publication précédente de 2009 ne concernait que l’imatinib. L’évaluation précoce de la réponse au traitement est devenue un facteur pronostique important.

 

Ainsi en 2013, on a vu apparaitre dans les critères de réponse optimale, le résultat de la RQ-PCR qui doit être < 10% à 3 mois, <1% à 6 mois et <0,1% à 12 mois pour les traitements en 1re ligne. De même, la réponse cytogénétique s’est vue décalée dans le temps puisque depuis 2013, la réponse optimale à 3 mois correspond à moins de 35% de cellules anormales sur le caryotype contre moins de 65% en 2009.

 

Cette évaluation précoce permet d’adapter le traitement, modifier la dose ou changer de médicament et d’éviter le risque de progression. Les recommandations de l’ELN 2013 restent de réaliser un caryotype sur moelle au diagnostic puis tous les 3 mois jusqu’à l’obtention de la réponse cytogénétique complète et ensuite tous les ans et une RQ-PCR sur sang tous les 3 mois jusqu’à obtention de la réponse moléculaire majeure puis environ tous les 6 mois.

 

Des niveaux de réponse moléculaire profonde ont été définis (RM4, RM4,5 et RM5) qui sont particulièrement importants dans le cadre des protocoles d’arrêt de traitement mais ne sont pris en compte dans les recommandations actuelles de l’ELN qui considèrent la réponse moléculaire majeure comme le point fort dans le suivi de la LMC.

 

Ces analyses sont coûteuses mais dans le cadre de la LMC, il est important de noter que les caryotypes sont remboursés par la sécurité sociale et que les PCR quantitatives sont prises en charge par une enveloppe globale de dotation de l’Institut national du cancer (InCa) qui évite au patient d’avoir à régler ses examens.

 

Extrait du 2e Livre blanc des États généraux de la LMC